Pour cette deuxième édition, Nous, femmes et hommes, colombiens, latino-américains, européens et citoyens du monde, nous nous sommes réunis à Montreuil, aux portes de Paris, en France, pour manifester de manière festive et enthousiaste notre soutien aux processus de paix entre le gouvernement colombien et les groupes insurgés, débutés en octobre 2012 pour les FARC-EP et en juin 2014 avec des dialogues exploratoires pour l'ELN.
Le
chemin parcouru dans cette recherche de paix n'a pas été sans obstacles. Mais
il a également avancé positivement avec des réussites indiscutables qui
l'approche d'un point irréversible.
Au
cours du processus de la Havane, des faits comme le dépassement d'un moment de
crise provoqué par la suspension des dialogues de la part du gouvernement, la
déclaration d'un cessez le feu unilatéral de la part des insurgés qui
participent aux dialogues, (ce dernier ayant été respecté depuis plus de deux
mois), la nomination d'un délégué
permanent du gouvernement des états-unis et un dialogue avec l'ONU sont des
signes qui mettent en évidence les avancées tant attendues.
Nous
saluons la publication des accords partiels sur les trois premiers points de
l'agenda, ce qui confère transparence et confiance dans le processus des
dialogues. Nous voyons avec enthousiasme les avancées obtenues sur la question
des victimes du conflit, avec la participation des cinq délégations de douze
membres chacune, représentatives de l'éventail des victimes de la violence.
Nous saluons également la visite à la Havane d'un groupe d'organisations de
femmes et leur réunion avec la sous-commission sur la question du genre.
Pendant
ces trois jours, entre réflexions, débats, expressions artistiques et
culturelles ; participation citoyenne et solidaire ; recueil de la
mémoire et des liens affectifs ; gastronomie et musique ; tout cela
avec comme devise « Penser, éduquer, art et culture pour un nouveau
pays », nous avons abordé des thèmes comme le processus de négociation
de paix, les victimes et la voix des exilé-e-s, la question de la propriété de
la terre et de sa restitution, ainsi que le rôle de la culture, de l'éducation
et de la création artistique pour construire la paix.
Avec
la présence d'ambassadeurs, de responsables politiques locaux, d'intellectuels,
d'artistes, de responsables de mouvements sociaux venus de Colombie et d'autres
pays, et un échange direct avec les membres de la délégation des FARC-EP depuis
la Havane, nous nous sommes confortés dans la nécessité de continuer à soutenir
la construction de paix pour poursuivre l'approfondissement de sa
compréhension, de ses antécédents et de ses implications futures, en
contribuant d'ici et à notre mesure à ce grand effort national.
Convaincus de l'importance du soutien citoyen et de la mobilisation de toutes les volontés pour renforcer et approfondir la construction de la paix, à travers cet espace et d'autres, dans ou à l'extérieur du pays, engagés dans cet effort, nous déclarons :
- qu'il est impérieux d'étendre et de consolider ce processus de recherche de paix à tous les groupes insurgés, en commençant les dialogues avec l'Armée de Libération Nationale (ELN) et l'Armée Populaire de Libération (EPL),
- qu'il est urgent de déclarer un cessez-le-feu bilatéral, avec un protocole de vérification accompagné par la communauté nationale et internationale, cessez-le-feu qui soulagerait les souffrances de la population civile dans les zones de guerre.
- Nous lançons un appel pour que cessent les menaces, la persécution et la criminalisation des défenseur-e-s des droits humains, des dirigeants et dirigeantes, et de l'ensemble du mouvement social.
- Nous sommes préoccupés par les agressions continuelles contre les mouvements paysans, afrodescendants et indigènes dans les processus de récupération et de restitution des terres, comme ce qui vient de se passer la semaine dernière dans le Cauca.
- Nous déclarons qu'il est urgent de traiter la crise pénitenciaire que vit le pays et spécialement la situation précaire que vivent les prisonnières et prisonniers politiques dans les prisons nationales et étrangères afin d'engendrer un climat favorable pour les processus de paix.
- Nous célébrons comme une grande avancée l'accord partiel sur la suppression des mines anti-personnelles dont nous avons pris connaissance pendant que se déroulait le Festival et nous considérons que la participation de membres du haut commandement des forces militaires dans ce processus est très positive. Nous appelons la communauté nationale et internationale à accompagner le déminage.
- Nous reconnaissons l'importance de la Contribution à la compréhension du conflit et de ses victimes remise par la Commission Historique en février 2015 et nous lançons un appel à la diffusion de ce document par tous les médias, médias dont l'engagement pour la paix continue à être insuffisant dans le pays.
- Nous saluons le début de convergences alternatives des secteurs sociaux et nous lançons un appel au renforcement de ces espaces d'unité à l'intérieur et en dehors du pays : C'est un apport pour la construction d'un mouvement social large et divers en faveur de la paix.
- Nous reconnaissons l'importance de la migration colombienne comme sujet social et politique qui a un rôle important dans la construction de la paix. C'est pourquoi nous saluons avec joie les différentes initiatives que nous rencontrons sur ce chemin.
- Nous appelons les colombiennes et les colombiens, les exilé-e-s, les migrants et les migrantes, poussés à aller vivre à l'extérieur du pays par la violence et la pauvreté, à s'engager dans la construction d'un nouveau pays en paix et avec Justice Sociale. Nous appelons la communauté nationale et les institutions à ouvrir, dans un geste de réconciliation, leurs bras et leurs cœurs aux initiatives de participation ou de retour de cette large partie du pays qui se trouve et qui vit à l'extérieur.
- Montreuil, 8 mars 2015
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