Pour
la troisième fois, le Festival pour la Paix en Colombie – Mémoires et Justice
Sociale nous a réunis à Montreuil, près de Paris, avec une espérance renouvelée
suite à l’annonce du début de la phase publique de dialogues avec la guérilla
de l’ELN et aux avancées et accords partiels atteints avec les FARC-EP.
Ce furent trois
jours pleins de joie, de musique, de poésie, d’expressions artistiques et de
débats politiques autour des points essentiels des agendas de discussion, qui ont
permis un échange d’idées entre celles et ceux d’entre nous qui vivent en
Europe et celles et ceux venus de Colombie, invités par le Festival.
Migrants,
exilés colombiens et citoyens européens, nous avons eu l’opportunité de
réfléchir sur l’exil, sur les prisonniers politiques, les territoires, les
victimes, la situation des migrants économiques, le rôle des médias et nos
manières de contribuer au processus de paix en Colombie, en soulignant la
présence de la Femme dans tous ces espaces.
Les
analyses, les témoignages, les débats, les conversations, les rituels et les
oeuvres d’art que nous avons partagés pendant les trois jours du Festival nous
amènent à déclarer que :
- Dans cette
fête de la paix, le fil d’or qui nous unit, c’est celui que tissent les
chants, les arts, la poésie, la pensée diverse, afro-descendante, paysanne
et indigène, le regard académique et la simplicité citoyenne. Nous voyons
clairement que notre pays a besoin d’un grand projet d’art et de culture
qui nous raconte ce que nous avons vécu pendant les années cruelles de la
guerre. Nous avons besoin d’une mémoire poétique publique qui transforme
le vécu de la tragédie et la douleur, en force pour reconstruire la vie et
le pays. Un pays qui ne connait pas ce qu’il a vécu peut être condamné à
le répéter.
- L’annonce du
début de la phase publique de dialogues avec la guérilla de l’ELN et les
avancées et accords partiels atteints avec les FARC-EP nous remplissent
d’espoir, nous allons mettre toute la force de nos solidarité pour que ces
deux tables de négociation, comprises comme un seul processus de paix,
puissent arriver à bon terme.
- Le Festival a
constitué un espace de rencontre de volontés multiples qui ont rendu
possible ce rêve collectif et nous continuerons à semer des germes de générosité
pour la paix. Nous travaillerons pour favoriser les espaces nécessaires
permettant de matérialiser ce souhait.
- Nous nous
engageons à continuer à assurer un suivi et une veille sur les accords,
particulièrement, pour protéger la vie de celles et ceux qui les signent.
- Nous évoquons avec joie la réalisation
du Festival “Voces por la Paz” qui a eu lieu simultanément à Bogotà et les
diferentes actions en faveur de la paix.
- Nous
souhaitons dénoncer la situation inhumaine, le surpeuplement et l’abandon
soufferts par près de 10.000 prisonniers et prisonnières politiques. C’est
avec tristesse que nous avons reçu la nouvelle de la mort récente de
plusieurs d’entre eux.
- Nous sommes
très inquiets face à l’augmentation des actions armées mises en oeuvre par les
structures paramilitaires qui constituent la principale
menace contre le processus de paix. Ils sont en train d’attaquer les
artisans de la paix, comme dans l’attentat souffert par Piedad Córdoba.
Nous voulons affirmer notre solidarité avec elle et l’assurer de toute
notre affection.
- Nous invitons
la société colombienne en général à l'unité dans la
construction d’une paix qui nous remplisse d’enthousiasme et de joie, sur
la base de la justice sociale.
- Comme
l’immense majorité des colombiennes et colombiens qui réalisons le
Festival, nous aspirons à ce que l’actuel processus de paix avec les
insurgés mène à la fin du conflit armé et que les conflits sociaux,
politiques, économiques et culturels trouvent un chemin humain et
démocratique de résolution.